Le Rappen fribourgeois donna son nom au Rappenmünzbund, la confédération monétaire au sud du Rhin supérieur qui exista pendant plus de 180 ans. A partir de 1377, plusieurs tentatives de créer un plus grand espace monétaire échouèrent. En 1403, le duc d’Autriche conclut un traité monétaire pour le Brisgau, le sud de l’Alsace et le Sundgau avec les villes de Bâle, Colmar, Fribourg et Vieux-Brisach, dans lequel ils définirent la valeur des monnaies par rapport à leur poids et leur part d’argent (titre), leur image, la quantité de pièces à frapper ainsi que le mode de production technique. Sur l’avers, les monnaies présentent le symbole du souverain ou de la ville émettrice. Ces traités monétaires contribuèrent à réunir les petits territoires monétaires des Pfennig en un espace économique et monétaire commun cohérent.
Au départ, seules deux espèces de monnaie étaient frappées, le Rappen sur modèle fribourgeois et le Stäbler de la moitié de la valeur de la précédente, sur modèle bâlois, toutes les deux en pièces unifaces appelées bractéates. Selon la convention monétaire de 1425, elles portent le symbole de la ville émettrice ou de son souverain : tête d’aigle (Fribourg), mont à six coupeaux (Vieux-Brisach), crosse bâloise (Bâle), aigle (Colmar), blason de Catherine de Bourgogne, landgrave en Alsace (Thann).
Avec le développement de la circulation monétaire, de plus grandes espèces d’argent firent leur apparition à partir de 1425, d’abord des types appelés Plappart de la valeur de 6 Rappen, suivis par d’autres en 1462, 1480 et 1498. Ces pièces étaient désormais frappées sur deux faces, avec le symbole de l’atelier à l’avers et au revers une croix (dans le cas des Vierer et Doppelvierer) ou la représentation de la patronne ou du patron de l’église principale de la ville : la Vierge à l’Enfant à Fribourg et à Bâle, saint Etienne à Vieux-Brisach, saint Martin à Colmar, saint Thiébaut à Thann (dans le cas des Plappart, Groschen et Dicken).
En 1542, le roi Ferdinand Ier accorda au Rappenmünzbund, la confédération monétaire du Rhin supérieur, la frappe de Talers entiers et demis. A l’avers figure le symbole de l’atelier monétaire et au revers l’aigle royal simple. Par leur poids de 29,29 g, ils correspondaient au poids de 77 Rappen, mais en raison de leur haute teneur en argent (891/1000 par rapport à 406/1000) leur valeur était de 170 Rappen.
Après 1564, la confédération monétaire s’aligna sur le Règlement monétaire impérial initié en 1559 par l’empereur Ferdinand, pour les valeurs monétaires élevées, notamment le Reichsguldiner à 60 Kreuzer. A Fribourg et à Vieux-Brisach, villes en Autriche antérieure, les nouvelles monnaies comportaient l’effigie de l’empereur, à Bâle et à Colmar l’aigle impériale bicéphale. En outre, seules les petites espèces, les Rappen et Vierer, pouvaient continuer à être frappées, sachant que 2 Rappen et demi correspondaient à un Kreuzer, un Reichsguldiner à la valeur de 150 Rappen. Avec l’uniformisation du système monétaire sur le territoire impérial, l’objectif principal de la confédération monétaire régionale était devenu caduc. La confédération fut dissoute en 1584.
La frappe de monnaie à Fribourg fut interrompue en 1589, mais en 1602 on nomma un nouveau maître monnayeur de la ville. Durant les années 1620, la ville émit des espèces de Kreuzer et de Taler, mais aussi des Goldgulden. La dernière période d’exercice de l’atelier monétaire de Fribourg commença en 1704 et se termina en 1739. Les Taler de cette période sont caractérisés par leurs motifs complexes. Ils n’étaient pas tellement fabriqués pour la circulation monétaire normale mais plutôt pour la représentation et destinés à servir de cadeaux.
Écrit par Erik Roth (janvier 2021)