Figure

Les Makondés au sud-est de la Tanzanie et au nord-est du Mozambique sont les meilleurs sculpteurs de l’Afrique de l’Ouest. La grande qualité de leurs sculptures, témoignées seulement depuis la fin du XIXe siècle, se base sans doute sur une tradition ancienne. Autrefois, le matériau de leurs sculptures était en premier lieu du bois clair et souple. Les œuvres réalisées pour le marché de l’art et les souvenirs touristiques répondent à la demande de bois dur, lourd et sombre qui domine les sculptures makondé modernes. Cette figure féminine s’illustre par une pose décontractée et légèrement animée. La position asymétrique des bras est rare dans la sculpture traditionnelle de l’Afrique de l’Ouest. La légère inclinaison latérale de la tête, la rotation minimale du torse et les doigts de pied gauches relevés manifestent également une grande liberté artistique. La tête ovale aux oreilles rondes détachées, les petits yeux rapprochés et le nez long et puissant correspondent en revanche à la tradition. C’est sans doute la représentation d’une jeune fille, car elle ne présente pas les oreilles et le nez percés ainsi que le labret à disque typique des représentations de femmes. Sa fonction n’est pas définie. Dans le commerce de l’art, les sculptures de femmes sont considérées comme des figures d’ancêtres ou des répliques de la mère de la société. Elles jouaient éventuellement un rôle lors des rites d’initiation. Cette pièce fait partie d’une collection typique de l’époque coloniale : entre 1901 et 1909, Karl Sauer fit don et vendit de nombreux objets originaires des ethnies en Afrique de l’Ouest, des trophées de chasse, des préparations à base de plantes, des minéraux, des coquillages, etc. A partir de 1898, Sauer avait gravi les échelons de l’administration de l’empire colonial allemand en Afrique de l’est et était devenu commissaire du district. Auteur: Eva Gerhards, Traduction: Julia Walter